Nouvelles techniques génomiques : les semenciers veulent une évolution positive de la réglementation
Au cours de sa conférence annuelle, l’Union française des semenciers (UFS) a appelé à une politique volontariste pour sécuriser la production de semences et soutenir la capacité d’innovation des entreprises.
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« Notre cœur de métier, c’est d’innover en permanence pour proposer aux agriculteurs des semences qui répondent à leurs besoins. Notre secteur doit être mieux identifié et reconnu par les décideurs européens comme un levier stratégique de premier plan pour contribuer aux défis de transition agroalimentaires en Europe ! », a indiqué l’UFS le 14 décembre 2023.
« Avec 13 % de chiffre d’affaires investis dans la R&D en moyenne (soit près de 500 millions d’euros par an), la capacité d’innovation des entreprises semencières est un levier indispensable pour relever les défis agricoles et alimentaires. Adaptation au changement climatique, évolution des pratiques agricoles, alimentation de qualité au juste prix et compétitivité agricole européenne sont autant de sujets majeurs en période d’inflation et de guerre », appuie-t-elle.
Règlement sur les NBT
Dans ce cadre, le projet de règlement publié au début de juillet pour encadrer les nouvelles techniques génomiques (NTG ou NBT en anglais) est, selon l’UFS, une initiative importante pour enrichir le panel d’outils du sélectionneur. Elle souhaite une mise en place rapide d’une réglementation opérationnelle afin de garantir une sécurité juridique aux entreprises qui ont besoin d’anticiper leurs programmes de recherche.
Favorable à une traçabilité de l’utilisation de ces techniques, avec une mention au sein du catalogue d’inscription des variétés pour permettre à chaque agriculteur de faire des choix éclairés, l’Union espère que le cadre réglementaire reposera sur des critères scientifiques et objectifs.
Malgré le vote qui n’a pas abouti lundi 11 décembre 2023, l’UFS espère une évolution positive de la proposition de règlement européen, avant les élections européennes. Elle précise que la Belgique, qui doit reprendre la présence de l’Union Européenne devrait pousser le dossier, comme l’a fait l’Espagne.
Balance commerciale excédentaire
L’UFS a par ailleurs indiqué que le bilan de 2022-2023 était globalement positif en production comme en commercialisation de semences, comparativement à la campagne précédente. Cette dernière a en effet été marquée par des aléas climatiques défavorables.
Il devrait ainsi y avoir en moyenne une hausse des volumes, notamment pour les cultures de printemps qui ont eu des conditions plus favorables que l’année précédente. Malgré une baisse des surfaces de production en moyenne de 3 %, à 381 000 ha, les rendements ont effet été meilleurs qu’en 2022. Et la qualité est aussi au rendez-vous.
« La balance commerciale est excédentaire et est en croissance cette année, avec 1,124 milliard d’euros. La croissance de 10 % est fortement drivée par l’inflation. En termes de volume, tant en importation qu’en exportation, il y a plutôt sur une légère baisse de 4 à 5 % », a complété Olivier Paul, le nouveau président de l’UFS.
Six freins
Une étude a de plus été menée au sein des adhérents de l’UFS pour comprendre pourquoi il y avait une baisse des surfaces et identifier les difficultés à produire de la semence pour les agriculteurs-multiplicateurs. Six principaux freins ont ainsi été identifiés :
- La rémunération, dans un contexte où le cours des commodités a flambé.
- Le manque de solution de protection phytosanitaire ;
- Le renouvellement de génération chez les exploitants ;
- Les problèmes de productivité ;
- Les moyens de production (main-d’œuvre difficile à trouver par exemple) ;
- Les besoins en irrigation.
« Il faut travailler de manière collective de façon à améliorer l’attractivité de notre secteur. Il y a un véritable savoir-faire français, qu’il faut faire perdurer et sur lequel il faut continuer à capitaliser. Il faut donc faire en sorte que ces freins n’en soient plus ! », a complété le président de l’UFS.
« L’enjeu stratégique de la semence doit être reconnu de façon qu’il y ait des mesures adaptées aux productions de semences, qui restent le premier maillon de la chaîne alimentaire », a-t-il encore indiqué. Et d’ajouter que dans ce contexte l’accès à l’eau demeure un vrai sujet : « A titre d’exemple, cette année seuls 5 arrêtés de restriction de l’eau ont intégré des dérogations pour les semences ! »
Vers des exportations plus compliquées vers la Russie
L’UFS a de plus rappelé que la France est le premier exportateur mondial de semences avec 52 % de la production exportée. La première destination est l’Union européenne, puis suivent la Russie et l’Ukraine.
Les autorités russes ont identifié le secteur des semences comme stratégique pour leur souveraineté alimentaire. Ils ont donc mis en place une loi et voté un décret en mai 2023 de façon à être autosuffisant à 75 % d’ici à 2030 en production de semences locales. Si les entreprises étrangères veulent poursuivre leur recherche et développer des semences, elles sont désormais contraintes à localiser cette activité en Russie, mais aussi à mettre en place un plan de production locale.
« En parallèle, des quotas d’importations ont été mis en place avec des mesures de plus en plus restrictives. La Russie devient donc un marché qui va être de plus en plus autonome et de plus en plus contraignant pour la France, notamment. Il y a en effet une ambiguïté de vouloir être autonome pour la Russie alors qu’un programme de recherche dure entre 7 et 12 ans », estime l’UFS.
L’Ukraine est, quant à elle, résiliente avec des plans de production en local revenus à des niveaux d’avant-guerre.
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